Les projets pilotes de CODATU sur la professionnalisation du transport artisanal en Afrique
Dans un contexte de croissance des mobilités urbaines en Afrique, de saturation des systèmes de transports publics et d’augmentation du taux de motorisation individuelle, CODATU travaille sur la professionnalisation du transport artisanal dans les villes africaines comme levier pour construire des systèmes de mobilités durables et inclusifs.
En mobilisant des travaux de chercheurs, ses réseaux d’acteurs locaux et grâce à son expérience sur le terrain, CODATU a proposé des projets pilotes opérationnels et innovants qui reposent sur une compréhension fine des contextes locaux. Compte tenu de l’importance cruciale du transport artisanal dans les sociétés urbaines africaines, l’objectif de CODATU est de montrer qu’une transformation progressive de ces services, au bénéfice des usagers, est possible.
Ces différents projets ont été présentés à l’AFD à l’occasion d’une rencontre partenariale le 9 décembre 2019. Ils se déclinent ainsi :
- Minibus à Antananarivo : Le projet vise principalement à démontrer qu’il est possible d’améliorer fortement le service rendu aux usagers, sur une ligne pilote, tout en augmentant les bénéfices des transporteurs. Le projet repose sur la mobilisation d’un ensemble de leviers : nouveau matériel roulant acheté par les propriétaires actuels restructurés sous forme de GIE, aménagements urbains tactiques, billettique, formation, renforcement de l’autorité locale, etc
- Planification, régulation et amélioration des service des services de moto-taxis à Douala : L’objectif est de mettre en œuvre des mesures pour améliorer les services de moto-taxis, tant pour les pilotes que pour les usagers, et de fournir aux autorités publiques un socle de connaissance pour parvenir à réguler le système. Pour ce faire, ce projet s’appuie sur une démarche de recherche-action (en partenariat l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne) mobilisant des savoirs théoriques issus de recherches antérieures et des travaux de terrain portant sur l’offre (chauffeurs) et la demande (usagers) de moto-taxis à travers l’utilisation d’une méthodologie mixte (collecte de données via des traceurs GPS, entretiens semi-directifs, questionnaires et observation directe.
- Taxi partagé à Niamey : Ce projet est articulé autour de 3 grands axes de portée différente : aménagement urbain tactique, informatisation et sécurisation du service taxi de la Mairie, renforcement de compétences des acteurs et appui institutionnel.
- L’intégration des usages partagés de l’automobile dans les politiques de transport à Nairobi : Dans le cadre de ce projet, le principal enjeu consiste à améliorer la compréhension de l’organisation et du fonctionnement des usagers de l’automobile à travers l’identification, le recensement et la cartographie des différentes formes de « covoiturage ». A partir de ces connaissances, il sera possible d’élaborer de nouveaux outils de régulation, la réalisation d’infrastructures routières pour promouvoir ces usages ainsi que des démarches visant à expérimenter différents types de plans de mobilité. Ces différentes mesures auront en outre pour objectif d’accompagner l’AOT, récemment créée, en se saisissant de nouveaux objets et de nouvelles compétences.
- E-taxi : introduction de l’électromobilité dans le secteur des minibus au Cap : Ce projet pilote propose d’accompagner l’intégration du service de transport artisanal de minibus au service de BRT, tel qu’il est envisagé par le Municipalité du Cap depuis plusieurs années grâce à l’introduction de véhicules électriques. A travers l’aide à l’acquisition de e-minibus (voire, à terme, leur production), il s’agit d’une part de faciliter l’intégration modale et l’articulation avec le service capacitaire de BRT et d’autre part de promouvoir la professionnalisation des opérateurs de minibus. Dans un contexte de crise énergétique et de pression financière sur les opérateurs du transport artisanal, la transition énergétique dans le secteur des minibus offre un levier pour faciliter le dialogue entre acteurs, améliorer la qualité de service pour les usagers et renforcer la stratégie de durabilité mise en oeuvre par la métropole.