Démarrage de la coopération technique au Kenya
Au printemps 2019, le Ministère Kenyan des Transports, des Infrastructures, du Logement, du Développement Urbain et des Travaux publics (MoTIHUD) a formulé une requête auprès de la France afin de bénéficier de l’expertise et du retour d’expérience des réseaux de transport urbains français pour accompagner la montée en compétence de l’Autorité Organisatrice des Transports Urbains de Nairobi (NaMATA – Nairobi Metropolitan Area Transport Authority), faciliter la mise en œuvre du schéma directeur ferroviaire urbain et appuyer la mise en œuvre de projets et politiques de mobilité urbaine.
La mobilité urbaine devient un enjeu fondamental pour le gouvernement national kényan et les collectivités territoriales, en particulier à Nairobi. Dans un contexte de fort taux de croissance démographique, le phénomène de métropolisation s’accompagne de processus de périurbanisation et d’étalement urbain, provoquant un allongement conséquent des distances des déplacements pendulaires et un renforcement de la dépendance aux modes de transport motorisés. Plusieurs facteurs conjoints participent à ces dynamiques qui se traduisent par une augmentation de la congestion routière et des inégalités d’accessibilité. Nairobi est en effet l’une des villes les plus congestionnées d’Afrique et celle où le temps moyen des déplacements pendulaires est le plus long.
L’accroissement de la congestion devrait s’aggraver avec le l’augmentation prévue de l’usage automobile et du taux de motorisation des ménages. Le renforcement de la dépendance automobile à Nairobi est d’autant plus problématique que le réseau de transports collectifs (Matatus) ne vient que très partiellement compenser les inégalités d’accessibilité, puisque ces derniers ne sont accessible spatialement et financièrement qu’à une part minoritaire des habitants de la métropole. Il en résulte d’importants écarts d’accessibilité en termes de services et d’opportunités d’emplois.
Depuis le début des années 2000, les politiques publiques de transports à Nairobi se sont très largement orientées en faveur du développement du réseau routier, ce qui a encouragé une croissance urbaine essentiellement périphérique et concentrée le long des infrastructures routières. Mais pour faire face aux problèmes de congestion et d’accessibilité, les autorités kenyanes, soutenues par des bailleurs internationaux, portent également depuis le milieu des années 1990 différents projets de Transports Collectifs en Site Propre (TCSP), dont la création d’un réseau de Bus Rapid Transit (BRT) et la réhabilitation et l’extension du réseau ferroviaire urbain (commuter rail line).
La création en 2017 de la NaMATA, à qui il a été confié la mission d’intégrer les différents systèmes de transport et de mettre en œuvre le réseau de BRT, a été l’une des premières étapes de ces projets. Mais cette AOTU peine aujourd’hui à se structurer et à monter en compétence. La gouvernance des transports urbains et de l’urbanisme demeure extrêmement fragmentée entre les autorités nationales et locales (county). La NaMATA n’a pour le moment ni de véritables sources de financements ni de périmètre de compétences clairement défini. Elle joue de ce fait pour le moment un rôle très réduit en termes de coordination des acteurs, de mise en cohérence de projets et de lancements des opérations du réseau BRT.
Ainsi, dans le cadre de ce FEXTE, un partenariat avec CODATU a été établi afin d’accompagner la mise en œuvre de ce programme d’assistance technique et de renforcer les compétences de NaMATA en matière d’organisation institutionnelle et technique et de mise en œuvre d’une politique intégrée de transport urbain. Par sa connaissance du contexte institutionnel français et sa capacité à mobiliser des experts de courts termes, CODATU aidera ainsi au montage et à la coordination du volet renforcement de capacité.
Le 2 avril 2020, ce partenariat entre CODATU et la NaMATA a débuté suite à l’arrivée dans l’équipe de l’AOTU du chargé de coopération CODATU. Cette arrivée est déterminante pour le lancement du FEXTE, dont les activités devraient débuter dans les prochaines semaines.