Bonnes pratiques en matière de mobilité urbaine durable en Slovénie
Un voyage d’étude à Koper et Ljubljana pour découvrir les bonnes pratiques en matière de mobilité urbaine en Slovénie a eu lieu les 22 et 23 mai dernier dans le cadre de la Communauté des Transports Urbains en Méditerranée. Cette Communauté est animée par le projet Interreg Med GoSUMP dont CODATU est partenaire. Il a pour objectif de créer des synergies entre les acteurs, de capitaliser les résultats des projets de mobilité urbaine durable du programme Interreg MED et de les diffuser.
Ce voyage d’étude était l’occasion de visiter certains projets pilotes, liés aux outils numériques, mis en oeuvre à Koper, par SUMPORT, un des projets de la Communauté des Transports Urbains en Méditerranée. Les participants étaient des professionnels du monde des transport, en particulier venant de Prilep en Macédoine du Nord, ville ayant la volonté de développer son premier Plan de Mobilité Urbaine Soutenable (PMUS). Ce voyage d’étude a été organisé par les Agences de Développement Régionales « Green Karst » et « Région Urbaine de Ljubljana » et animé par Janez Nared, de l’Institut Géographique Anton Melik ZRC SAZU et coordinateur du projet SMART-MR.
L’approche réussie de la Slovénie pour généraliser la planification de la mobilité urbaine durable
Polona Demsar Mitrovic, du Ministère slovène des Infrastructures, a présenté la démarche nationale d’appui à la planification de la mobilité urbaine durable en Slovénie. Le ministère slovène a choisit de ne pas rendre obligatoire l’élaboration d’un PMUS mais plutôt d’élaborer un guide national et d’offrir un financement aux villes souhaitant développer leur PMUS (conformément aux directives). Cette approche incitative (associée à des formations) est un succès car il existe actuellement 77 municipalités (sur 212) dotées de PMUS.
Il est intéressant de noter que le guide national d’élaboration d’un PMUS de la Slovénie n’est pas seulement une traduction du guide européen, mais qu’il a été adapté aux besoins des villes slovènes dont la spécificité est de n’être que des villes petites ou moyennes. Grâce à ce guide et à sa démarche en 4 étapes, tous les PMUS slovènes sont comparables entre eux.
Le principal retour d’expérience concerne le périmètre du PMUS : en Slovénie, le périmètre habituellement pris en compte est la commune alors que l’aire urbaine est parfois plus grande. Par exemple, le PMUS de Koper aurait dû également inclure Izola et Piran, mais la subvention aurait été deux fois plus petite pour un périmètre deux fois plus important. Ainsi, un nouveau niveau régional pour élaborer les PMUS est maintenant possible.
Enfin, pour le Ministère des Infrastructures, les principales priorités pour les cinq prochaines années sont les suivantes:
- Préparation de la législation en matière de mobilité urbaine durable ;
- Sécuriser les subventions du gouvernement aux collectivités locales élaborant leur PMUS ;
- Développement des PMUS à l’échelon régional ;
- Développement du contrôle qualité SUMP (contenu) ;
- Amélioration de l’intégration intersectorielle ;
- Préparation de nouveaux guides thématiques.
Mobilité intelligente à Koper : une approche orientée utilisateur dans un contexte multi-opérateurs
Ivana Štrkalj, de la Municipalité de Koper (projet SUMPORT) a présenté la stratégie de mobilité intelligente de Koper. En effet, la municipalité de Koper met en œuvre, étape par étape, sa stratégie de mobilité intelligente, avec une approche très pratique et une vision forte. Il est intéressant de noter que Koper a développé son PMUS en un an, par besoin (particulièrement en raison des nuisances liées aux activités portuaires), bien avant la diffusion du guide national incitant à élaborer son PMUS.
Avec le soutien du programme Interreg MED, la municipalité de Koper met en œuvre une approche orientée utilisateur pour fournir aux citoyens des informations en temps réel permettant d’optimiser leurs déplacements. La municipalité modernise son Centre d’Information sur la Mobilité afin de mieux contrôler et gérer la mobilité urbaine, mais également de fournir des informations utiles aux citoyens. Les utilisateurs peuvent accéder à ces informations via des applications Web et mobiles, mais également via des écrans à LED aux arrêts de bus, dans les Pôles d’Echange Multimodaux et les rues principales.
La municipalité de Koper est en mesure de fournir des informations pour tous les modes de transport (traffic automobile, suivi des transports en commun urbains et interurbains, places de parking disponibles, etc.), grâce à l’installation de (i) GPS dans les bus, (ii) compteurs routiers (véhicules, piétons et cyclistes), (iii) compteurs d’occupation des parkings, (iv) et la centralisation des données par le Centre d’Information sur la Mobilité et leur diffusion via une application mobile et de panneaux d’information. Grâce à ce nouveau service, il est désormais plus facile de planifier un trajet en transports en commun ou de trouver une place de parking disponible. En réduisant les embouteillages et en facilitant l’utilisation des transports en commun, ce projet devrait avoir un impact positif sur l’environnement.
La mise en œuvre de la stratégie Koper Smart Mobility pose parfois des difficultés, notamment du fait que les pouvoirs publics ne sont toujours pas conscients de l’importance d’avoir des données et de les intégrer. En outre, la municipalité ne régule pas les bus de inter-urbains mais elle est parvenue à obtenir des données en temps réel en installant des GPS à bord.
Après une visite dans le centre-ville de Koper pour voir les solutions mises en œuvre, les participants ont pu se rendre au Centre d’Informaion sur la Mobilité MOK (pour «Municipality of Koper»), hébergé par Robotina, une entreprise développant des solutions « smart cities » à Kozina, une petite ville près de Koper. Ljubljana a également son propre Centre d’Information sur la Mobilité, mais aucune autre ville slovène. Ces deux Centres d’Information locaux échangent des données avec le Centre d’Information national.
Compteurs cycles
Ljubljana, une ville accueillante pour les cyclistes et les piétons
Klemen Gostic, de l’Agence de Développement Régional de la Région Urbaine de Ljubljana, a présenté le PMUS de la Région Urbaine de Ljubljana. De nombreux PMUS à l’échelle communale ont été adoptés en Slovénie. Le défi consistait donc ici à adapter le périmètre du PMUS à l’aire urbaine de Ljubljana.
Matic Sopotnik, travaillant pour la Ville de Ljubljana a ensuite présenté les activités de la ville en matière de mobilité urbaine durable. Selon son document stratégique «Ljubljana 2025», la priorité de la ville est d’être une ville conviviale et permettant une bonne qualité de vie à ses citoyens. Ses projets emblématiques sont la fermeture du centre-ville au traffic automobile (à l’exception des livraisons de 6h à 10h) et la rénovation de la rue Slovenska, rue principale de la ville. Depuis 2007, une zone piétonne s’étend donc sur 130 000 m².
D’autres mesures importantes de mobilité durable ont été mises en œuvre avec succès par la ville:
- 6 minibus appelés «Kavalir» sont disponibles à la demande dans la zone piétonne. Principalement à destination des personnes âgées et handicapées, ils sont gratuits;
- Le système de partage de vélos en libre-service, appelé «Bicike (LJ)», est très utilisé;
- Des événements de sensibilisation ou de participation des citoyens sont régulièrement organisés, notamment lorsque la ville ferme une rue à la circulation automobile.
Grâce à ces mesures de mobilité durable, Ljubljana se situe à la 8ème place des villes respectueuses des cyclistes (Indice Copenhagenize 2017). Et Ljubljana accueillera la conférence Velo-City en 2020.
La prochaine étape pour Ljubljana consiste à mieux gérer les 120 000 navetteurs qui se rendent quotidiennement dans la ville. La ville a développé des parkings relais (Bus) mais l’offre reste insuffisante par rapport à la demande. La Ville doit travailler avec les zones environnantes, notamment pour mettre en œuvre le PMUS de la Région Urbaine de Ljubljana.
Une visite du centre-ville avec Lea Rikato Ružič du « Réseau des Cyclists de Ljubljana » et Sabina Popit de la Ville de Ljubljana a permis aux participants de voir les bons (et moins bons) aménagements cyclables et le fonctionnement de la zone piétonne.
Pour conclure le voyage d’étude, une session de transfert animée par Janez Nared a permis d’identifier les bonnes pratiques observées susceptibles d’être transférées à d’autres villes et de proposer d’autres bonnes pratiques qui pourraient être adaptées à Koper et Ljubljana.