18 janvier 2017

Lomé amorce une démarche de Plan de Déplacements Urbains en coopération avec le SYTRAL

Le
Grand Lomé comme la plupart des capitales africaines, fait face à des problèmes de mobilité dus aux effets conjugués de l’urbanisation non maîtrisée, de la motorisation rapide des ménages, des dysfonctionnements du système de voirie urbaine, de l’insuffisance de l’offre de transport public et de la croissance de la demande de déplacements.

20161213_165714_resized

Présentation du PDU de Lyon par Philippe Bossuet

Avec l’aide du SYTRAL, le Grand Lomé s’oriente actuellement vers l’élaboration d’un Plan de Déplacements Urbains, reconnu comme un véritable outil de planification de la mobilité urbaine. Les 11 et 12 décembre 2016 s’est tenu à Lomé un Atelier de lancement officiel du processus d’élaboraion du PDU de Lomé qui a réuni une soixantaine de personnes de diverses institutions pour s’accorder autour d’un diagnostic commun et esquisser des propositions d’actions dans le cadre du Plan de Déplacements Urbains.

Un diagnostic qui invite à l’action

A Lomé, le système de mobilité souffre d’un dysfonctionnement assez profond : faible couverture du transport collectif urbain, prépondérance du transport artisanal et des taxi-motos en l’occurrence, chiffres élevés des victimes de la route, problèmes de stationnement chroniques notamment au Grand marché de Lomé, dysfonctionnements des gares routières, etc.

La capitale du Togo connait ces dernières années avec ses périphéries (les cantons d’Aflao-Sagbado, d’Agoényivé, de Baguida, de Togblekopé, de Légbassito, de Sangura, de Vakpossito et d’Aflao Gakli) une croissance vertigineuse aussi bien sur le plan démographique qu’urbain. Le recensement démographique de 2010 avait dénombré pour le Grand Lomé un peu plus de 1,5 million d’habitants dans le Grand Lomé.

En 2014, la demande de déplacements urbains motorisés à Lomé est estimée à 730 000 déplacements par jour. La moitié de ces déplacements est assurée par les transports publics urbains et l’autre par des modes privés. La Société des Transports de Lomé (SOTRAL), sur un réseau de onze lignes avec un parc de 90 bus (dont 45 en exploitation), enregistre un trafic moyen journalier de 10 000 passagers en 2015. La part du marché assurée par cette société n’est que de 2,5 %. En fait, les taxi-motos assurent 62 % du trafic des transports publics.

La sécurité routière est un problème crucial de la circulation dans cette ville. La plupart des conducteurs de véhicules à moteur ignorent les notions élémentaires du code de la route et violent allègrement les dispositions législatives et réglementaires de la mobilité urbaine. Les accidents de circulation sont très fréquents et les statistiques de 2014 en font état de 2 962 dont 2811 blessés et de 100 décès dans la ville de Lomé.

Présentations de la plénière d’ouverture

Présentation du Diagnostic – Présentation de Saturnin Dayo (Ministère des infrastructures et des Transports)

Présentation et enseignements de ladémarche PDU à Lyon – Présentation de Philippe Bossuet (SYTRAL)

Projet d’Appuis à la Mobilité de Ouagadougou – Ibrahim Toé (Municipalité de Ouagadougou et Marie Dols UrbaLyon)

Des avancées récentes mais fragiles

Pour répondre avec efficacité à ce défi de capacité de ce secteur et pour relever le défi du développement durable, le Gouvernement s’est doté d’une Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE) qui constitue aujourd’hui, le cadre fédérateur de référence de l’ensemble des politiques et stratégies de développement du pays à moyen terme. Cette stratégie qui couvre la période de 2013-2017 accorde une place importante au secteur des transports dans son axe 2 intitulé : « Infrastructures de soutien à la croissance ».

Il a, dans cet esprit, relancé la politique de construction et de réhabilitation des infrastructures routières. Ainsi, la voirie de Lomé a été considérablement renforcée par l’entretien des voies existantes et le bitumage de plusieurs nouveaux axes routiers portant à 57,07 km la longueur de ces routes revêtues en 2015. Par ailleurs, le port du casque a été généralisé chez les conducteurs de motos (une avancée même si les passagers en portent très rarement). Enfin, la société de bus de Lomé, la SOTRAL, a développé son réseau au cours de ces dernières années grâce à un investissement dans des nouveaux véhicules et un don de bus de la part du SYTRAL.

Le cadre législatif et réglementaire du transport routier a été renforcé par plusieurs textes notamment le vote du code de la route en 2013. Des cadres de concertation entre l’administration en charge des transports et les acteurs du sous secteur routier ont été créés. Toutefois, les textes sont rarement appliqués et la gestion de la circulation et l’activité de taxi-moo sont finalement très peu encadrées.

Un PDU pour répondre à des perspectives de croissance vertigineuse

Capture du 2017-01-18 20:28:23

Perspectives d’évolution énoncé dans le SDAU

Le rapport de la phase III de l’élaborateur du Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU) du grand Lomé validé en juin 2016 à Lomé a établi dans ses prospectives à l’horizon 2035 que l’organisation spatiale future du Grand Lomé devra répondre aux besoins de 4,2 millions habitants. Dans deux décennies, le parc de véhicules tant de passagers que les véhicules utilitaires devrait croître très rapidement (de l’ordre de 7,2 % et 8,8 % respectivement). Dans ce scénario, la congestion déjà connue aux heures de pointe sur plusieurs axes à Lomé va être fortement renforcée.

Fort de ce constat, il a été jugé impérieux d’élaborer un Plan de Déplacements Urbains (PDU) de Lomé dont la mise en œuvre permettra de définir dans les périmètres de transports urbains, les principes d’organisation des transports de personnes et de marchandises, de circulation et de stationnement. Après l’élaboration du diagnostic préliminaire de la mobilité urbaine de Lomé à partir des enquêtes réalisées au près des acteurs de la chaîne des transports, le ministère des infrastructures et des transports a organisé un atelier de lancement officiel du processus d’élaboration du PDU de Lomé les 11 et 12 décembre 2016.

20161212_170820_resized_1

Des groupes de travail très animés

Dans ce cadre, des experts du Syndicat mixte des transports pour le Rhône et l’Agglomération Lyonnaise (SYTRAL), de l’Agence d’urbanisme de l’Agglomération Lyonnaise et de CODATU ont animé les discussions entre partenaires togolais.

Avec ce premier atelier, le ministère des infrastructures et des transports, avec l’appui technique des experts français, va organiser l’atelier de lancement officiel de l’élaboration du Plan de Déplacements Urbains de Lomé.

Une liste d’actions identifiées

L’atelier a été organisé autour de quatre grands thèmes: La gestion de la circulation et la sécurité routière, le développement du transport collectif, l’organisation du transport artisanal et l’articulation transport-urbanisme. Pour chacun de ces thèmes, une liste d’actions a été identifiée par les participants aux groupes de travail. Le Togo qui devrait mettre en place une politique de décentralisation a postulé pour rejoindre l’initiative MobiliseYourCity. Le Plan de Déplacements urbains sera élaboré par les services du Ministère d’ici le début de l’année 2018 en bénéficiant des contributions des différentes institutions impliquées dans le comité de pilotage. Une première version du document sera présenté en octobre 2017 pour être enrichie des contributions des participants aux différents groupes de travail.

Cet article a été rédigé avec la contribution de Saturnin Dayo et Rodrigue Bolouvi (Ministère des infrastructures et des transports)