Retour sur la journée sans voiture à Kochi
Le
1er mai 2016, KMRL (Kochi Metro Rail Limited), avec l’appui de CODATU et de la Municipalité de Kochi, ont organisé à Kochi (Inde) la première journée sans voitures. Lancées en 2013 par WRI-EMBARQ à Gurgaon (Inde) sous le nom de « Raahgiri » (« La rue vous appartient » en Hindi), les journées sans voitures regroupent les habitants et les clubs sportifs et artistiques dans la rue, symboliquement « reprise » aux voitures, motos et autorikshaws. À Kochi, l’évènement a été lancé sous le terme de Theruvulsavam, traduction en Malayalam (langue parlée au Kérala) de « Festival de rue ». Cet évènement s’inscrit dans une volonté de KMRL de promouvoir l’utilisation des modes actifs en ville, ainsi que les aménagements urbains favorisant la marche et le vélo en lien avec le réseau de transport en commun.
À 6h30 le dimanche 1er Mai, une petite foule se pressa autour du podium d’inauguration au centre des quelques 850 mètres de zone piétonne aménagée pour l’occasion. Au coup d’envoi, une centaine de coureurs parcoururent 450 mètres pour lancer l’évènement et la douzaine d’activités proposées au public.
Une quinzaine d’associations et entreprises ont accepté ou proposé de participer à Theruvulsavam offrant une programmation tout public de plein-air. La rue piétonne temporaire était divisée en zones pour offrir différentes activités : sportives, santé et bien-être, artistiques et culturelles. Plusieurs initiatives se sont greffées à l’évènement au dernier moment ou de façon complètement indépendante en profitant de l’espace public proposé (des groupes de percussions ou de chants folkloriques notamment).
Au total, ce sont près de trois mille participants qui sont venus participer à des activités, assister à des représentations musicales et de danse ou simplement marcher et faire du vélo dans un environnement libéré de la circulation motorisée pour quelques heures. Une foule regroupant toutes les classes d’âges est venue faire du foot, du vélo, du volley, de la zumba, du yoga, faire voler des cerfs-volant, écouter un concert ou tout simplement se promener entre toutes ces activités. Quelques actions de sensibilisation ont également été menées: à la sécurité routière pour les coureurs ou cyclistes peu visibles dans le noir, incitation au vote, conseils santé, etc.
Le soleil se faisant sentir malgré l’heure encore matinale et les activités sportives se sont terminées vers 9h30 du matin pour laisser la place à des concerts et des sessions de Zumba à l’ombre. Une fresque temporaire a été réalisée par les membres de la fondation «Kochi Biennale» sur une toile tendue entre les arbres qui bordent la route. La dernière demi-heure a été marquée par l’intervention inattendue de militants écologistes qui souhaitaient attirer l’attention sur la pollution d’une rivière à Kochi. La volonté de se réapproprier la rue et l’espace public ne manque pas lorsqu’on lui donne un coup de pouce!
L’étape suivante consiste à pérenniser cet événement pour faire en sorte qu’il ait lieu tous les dimanches et que cet usage de la rue devienne peu à peu une référence pour la ville de Kochi. C’est un des outils permettant de favoriser l’usage des modes doux et de créer une prise de conscience permettant d’enrayer l’essor d’une culture automobile aujourd’hui en pleine croissance en Inde. Les différents organisateurs se sont tous montrés favorables à ce que cette initiative soit réitérée et tous se sentent concernés par l’amélioration des circulations piétonnes et cyclistes à Kochi.