Retour sur le troisieme atelier de la coopération Codatu à Cali
CODATU a lancé en février 2019 une coopération technique en partenariat avec l’Agence Française de Développement (sur fonds FEXTE) à Cali en Colombie autour de la gouvernance de la mobilité à échelle métropolitaine. L’objectif de cette coopération est d’appuyer les autorités locales à structurer une « Autorité Régionale de Transport » (ART) pour Cali et sa zone d’influence. Cette coopération s’inscrit dans le contexte de plusieurs projets structurants pour la mobilité régionale soutenus par l’Ambassade de France en Colombie et l’AFD a travers des fonds FASEP et FFEM : le projet de train de proximité entre Cali et les communes voisines (actuellement en phase de préfaisabilité réalisée par SYSTRA) et le projet « Corredor Verde » de rénovation urbaine et promotion des mobilités douces le long de la voie ferrée a Cali.
Après le premier atelier de CODATU en mai 2019 qui avait permis de comprendre collectivement le potentiel rôle et fonctionnement de la future AOT, d’identifier les défis de sa structuration et de projeter des scenarios de réorganisation institutionnelle, un deuxième atelier a été organisé en juillet 2019 par le consortium DVDH-GSD+ en charge de l’étude de structuration technique et financière de l’entité. Cette première phase de la coopération auprès d’institutions locales, régionales et nationales a permis de mettre en avant la volonté des acteurs locaux de créer cette nouvelle institution et de créer un système intégré de transport régional (SITR).
La deuxième phase débutée en août consiste à générer des espaces de réflexions avec l’ensemble des acteurs institutionnels et non-institutionnels, en particulier les opérateurs privés régionaux et les usagers, en tant que piliers fondamentaux du système de transport régional. Apres des réunions de préparation avec les différents acteurs, le troisième atelier avait pour objectif d’identifier, à partir de l’expérience et des connaissances complémentaires des différents acteurs, les opportunités et les défis de créer un Système de transport intégré multimodal, et le rôle de l’AOT dans le processus de consolidation et d’intégration du système régional.
Session 1: Le rôle de l’AOT dans la construction du Système Intégré de Transport Régional
La première session a permis de lancer des réflexions autour des processus de construction de systèmes de transport multimodaux et du rôle fondamental des AOT pour garantir la bonne complémentarité des modes. En particulier, l’on a montré comment les composantes d’intégration institutionnelles, physiques, opérationnelles et tarifaires varient amplement quant au degré d’intégration et aux solutions mises en œuvre pour répondre aux nécessité de la population, aux conditions locales de transport, au modèle institutionnel de chaque territoire.
Session 2: Expériences nationales de réorganisation du transport
La session 2 a permis de montrer des expériences concrètes en Colombie d’organisation du transport régional, de montrer les différents étapes et les défis rencontrés, ainsi que les bénéfices apportés par ls projets mis en œuvre. Dans le cas du Système Intégré de Transport du Valle de Aburrá autour de la ville de Medellín, le cheminement lent et progressif impliquant des étapes d’adaptation difficiles pour les transporteurs privés locaux, a permis de construire une relation d’alliés ou les différents acteurs public et privé du système travaille ensemble pour consolider le transport public. L’expérience du Corredor du Pacifique a Cali a permis de souligné la volonté de certaines entreprises privées de s’associer pour organiser conjointement l’opération d’une ligne sur laquelle elles étaient auparavant en compétition.
Session 3: Avancées de l’étude de structuration de l’AOT
Apres les premières activités de l’atelier qui ont permis de mettre en avant le rôle que jouera l’ART dans le futur, le groupe consultant DVDH-GSD+ a présenté sa proposition de structuration technique, institutionnelle et financière, qui doit permettre a la future institution régionale d’être fonctionnelle, efficiente et de relever les défis d’ordres techniques et politiques du transport régional.
Résultats et principales discussions de l’atelier
L’atelier a permis de révéler la méfiance qui existe actuellement dans la région, spécialement de la part des transporteurs privés vis-à-vis des institutions publiques. Générer des mécanismes de restauration de confiance sera donc fondamental avant d’entreprendre des changements et de pouvoir créer des solutions régionales.
Des discussions ont également eu lieu autour de la nécessité même de créer une AOT, certains acteurs mettant en avant les mécanismes existants (convention inter administratives, décrets de régulation d’horaires et tarifes, accord de collaboration entrepreneuriale, etc.) qui permettent actuellement d’avancer vers des solutions d’intégration.
L’exercice participatif a permis de mettre en évidence qu’il existe déjà un certain degré d’intégration physique et opérationnelle dans le système actuel, et que plusieurs acteurs voient l’opportunité d’avancer vers des solutions telles que des pôles d’échange aux entrées de la ville, le regroupement d’entreprises privées pour exploiter une zone géographique de manière coordonnée, et la mise en œuvre de solutions technologiques pour coordonner les différents modes. L’intégration tarifaire est apparue comme un objectif beaucoup moins consensuel, en particulier du point de vue des opérateurs privés. De nombreux défis ont été relevés pour permettre d’avancer vers des solutions d’intégration régionale, comme la restauration de la confiance entre acteurs, la volonté des entreprises privées de participer dans le processus et d’accepter les changements a venir, la réalisation d’études minutieuses sur les structures de coûts actuelles, l’impact social de l’optimisation du réseau de bus sur l’industrie du transport, la volonté du niveau national de soutenir ces projets, etc.
Prochaines étapes
Les prochaines étapes de la coopération auront pour objectif d’organiser le processus de passation du projet aux équipes municipales et régionales qui prendront leurs fonctions en janvier 2020 afin d’assurer la continuité des projets, ainsi que de commencer le processus de construction de confiance et d’inclusion des acteurs non-institutionnels dans les projets en cours.
Télécharger le rapport de l’atelier (en espagnol) : Informe-Taller#3
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